Stage Caen 2012

« LA LEÇON DE DANSE EN QUESTION(S)… suite »

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Du 28 au 30 octobre dernier, l’association Passeurs de danse a organisé son troisième stage national à Caen, à la suite du précédent, sur le thème de la leçon de danse. L’enjeu était de poursuivre la réflexion sur cet objet singulier pluriel que représente cette « leçon sans livre ».

Dix intervenants ont apporté leurs éclairages spécifiques, en tant que professeur d’université, du second degré, formateur ou danseur professionnel. Tous se sont employés à illustrer et nourrir cette thématique à travers des temps de pratique (ateliers) et de théorie (communications).

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Bruno Danjoux , ancien danseur de la Compagnie Odile Duboc (mais aussi peintre-plasticien), a ouvert la voie en faisant vivre aux trente-trois stagiaires l’expérience des « Trois boléros » d’Odile Duboc : principes et procédés d’écriture, mise en espace, etc. L’atelier s’est déroulé sur le matin et l’après-midi.

Les Passeurs ont particulièrement apprécié les compétences et la générosité de Bruno dans cette transmission du patrimoine culturel.

A la suite de ces deux ateliers, deux communications ont pu nourrir la réflexion de chacun.

Eve Comandé a montré que le rite permet de placer l’élève dans une structure contextualisée de savoirs – tout en lui en donnant la clef de lecture – et de l’accompagner vers la transformation qui est explicitement attendue de lui. A partir d’un exemple de situation de référence, correspondant à une mise en danse et à la recherche d’un état de disponibilité affective et motrice, sa communication a développé les éléments qui, par leur redondance et leur imbrication, confinent au rituel.

Marielle Brun , en appui sur l’analyse d’une séquence vidéo, a dévoilé les gestes professionnels à travers lesquels s’exprime l’expertise d’un professeur, Elise Sémelin (danseuse-comédienne). Son propos a mis en évidence le processus particulier par lequel l’intervenante fait construire un état de présence, état à la source de la danse et notion centrale de son enseignement et de son parti pris artistique.

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La journée suivante s’est ouverte sur une communication de Laurent Pejoux au sujet de L’Après-midi d’un faune , tableau chorégraphique de Vaslav Nijinski, sur le Prélude à l’Après-midi d’un faune de Claude Debussy, inspiré de l’églogue de Mallarmé. Il a montré l’incroyable modernité de cette œuvre novatrice, son lien avec les autres formes artistiques et la rupture produite lors de sa première présentation en1912.

A la suite, Delphine Demont a présenté la compagnie de danse contemporaine Acajou et la recherche artistique et pédagogique qu’elle mène pour rendre la danse accessible aux personnes déficientes visuelles.

L’atelier suivant, « Danser sans (se) voir » , animé par Delphine, a permis aux stagiaires de découvrir l’acaJOUET, adaptation en relief de la notation Laban, créée par la compagnie. Ce support pédagogique permet d’articuler les perceptions à différents modes de représentation du corps en mouvement, d’affiner les perceptions sensorielles et de structurer le geste dansé pour lui ouvrir de nouveaux possibles.

L’après-midi, Anne et Thierry Tribalat ont relevé le défi d’interroger la façon dont la leçon peut s’appuyer sur des références artistiques. Leur atelier de pratique, axé sur la mobilisation de procédés de composition, s’est déroulé autour de « Tempo 76 » de Mathilde Monnier. Sollicitant les relations temporelles entre danseurs, Thierry et Anne ont travaillé les dimensions objectives présentes dans toute composition (la structure formelle via la mesure en musique) et les dimensions subjectives (l’imaginaire et les gestes quotidiens).

L’atelier a débouché sur une communication de Thierry destinée à montrer que l’on peut difficilement proposer aux élèves l’accès à une culture de la danse artistique sans qu’une référence au patrimoine chorégraphique ne soit établie. Cet accès au patrimoine culturel en EPS, peut se faire « en acte », au travers d’expériences multiples et variées, en étudiant des objets de savoirs constitutifs et culturellement significatifs de la danse.

La journée s’est terminée par un temps d’échanges entre les stagiaires et les intervenants, animé par Christian Alin , en présence de Michèle Jeanne-Rose ( IGEN EPS en charge des enseignements artistiques danse).

Plus tard, dans une sympathique brasserie douvraise réservée aux Passeurs pour l’occasion, la soirée conviviale est devenue très vite follement dansante, grâce à un groupe de Jazz manouche venu partager bénévolement leur musique.

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La dernière journée s’est ouverte sur l’atelier d’Hélène Brunaux , axé sur les formes de transmission des séquences gestuelles en danse et leur mémorisation. Construit autour de quatre situations évolutives portant sur cette thématique importante dans l’enseignement de la danse, il a permis aux stagiaires de vivre des situations d’apprentissage mobilisant différentes catégories de ressources nourrissant des procédés pour mémoriser des modules gestuels.

L’atelier a débouché sur une communication d’Hélène, montrant que la teneur des séquences gestuelles proposées par l’enseignant facilite les apprentissages moteurs chez les élèves.

Les corps et les esprits nourris de riches expériences, il fallait penser à conclure. Comme l’année dernière, Annie-Claire Toutain s’y employa en utilisant les pratiques somatiques pour que se déposent avec douceur et tranquillité les traces de cette traversée.

Enfin, la dernière séquence partagée a donné la parole à Christian Alin , grand témoin de ce troisième stage, après que Michèle Métoudi ait assuré ce rôle lors des deux dernières éditions. Christian a permis aux stagiaires de connaître son approche anthropologique et sémiologique qui vise à interroger le don du sens et/ou le prêt du sens à travers une analyse des gestes professionnels des enseignants.

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Tout au long du stage, l’équipe des Passeurs a gardé une pensée amicale pour Alexia Burg que des raisons de santé ont empêché d’intervenir. Sa communication, destinée à montrer en quoi la symbolisation passe par le sème, s’appuie sur la description d’expériences interdisciplinaires vécues en classe (1 er degré). Elle a été fournie aux stagiaires sous forme de documents.

L’Assemblée générale de Passeurs , qui s’est tenue pendant le stage, a permis de présenter à tous les projets de l’association et notamment l’avancée de l’ouvrage collectif co-édité avec le CNDP. « La leçon de danse, regards croisés sur la transmission en milieu éducatif » sera un livre accompagné d’un DVD, dont l’enjeu est d’apporter de nouveaux éclairages sur l’alchimie de ce passage de la danse à travers les corps, du maître aux élèves. De nombreuses thématiques y sont abordées afin que chacun puisse tracer son chemin de lecture pour enrichir ses pratiques et sa réflexion sur la transmission à visée éducative et artistique.

L’association tient à remercier l’ensemble des intervenants, des participants ainsi que la directrice de l’UFRSTAPS de Caen pour son accueil dans ces lieux de lumière et d’ouverture que représente le COSEC du campus 2 de l’Université de Basse-Normandie.

Ces trois jours, riches d’échanges, de partage et de très belles rencontres, restera une expérience marquante pour les participants, les intervenants et pour l’association Passeurs de Danse . Merci à tous !